Apprendre à écouter et entendre

Entre autres choses, il y a un conflit interne qui, dès l’enfance tendre, s’installe chez nous. Nous sommes entourés par beaucoup de bruits qui assez souvent provoquent chez nous des états de fatigue, d’anxiété, d’irritation, voire de destruction.

Avec les yeux c’est beaucoup plus facile. Quand on est fatigué, on les ferme.

Mais comment faire avec les oreilles ? Autour de nous, le monde est rempli de bruits. Du coup, notre conscience et notre sous-conscience ne savent pas comment co-opérer dans toute cette pagaille. Alors que fait-on ? On laisse tomber, on cesse de prêter attention à ces bruits, on se débranche.

Mais on ne ferme pas les oreilles. De ce fait, l’on entend toujours et au final, on est saturé pas les bruits. C’est à ce moment-là que les sons commencent à nous irriter, qu’on ne dort plus bien. C’est là la racine de la fatigue, de la frustration et du manque de concentration.

Ce mécanisme est encore plus prononcé chez les enfants. Jusqu’à un certain degré, un adulte a appris à prendre conscience et il tente alors de résoudre ces problèmes. Au pire, il prend un somnifère. Plus grave encore, il en donne à l’enfant qui ne dort pas bien.

Pourquoi est-ce plus grave ?

Parce que l’on ne traite pas le problème ; en réalité, on ne fait que l’aggraver.

Les enfants, comme les adultes, sont constamment entourés de bruits. Ces bruits deviennent un élément destructif pour leur conscience en formation.

Le son, d’élément de confort, se transforme en chose irritante. Pensez donc à toutes les choses qui font du bruit à la maison : la télé, le hi-fi, l’ordinateur, les jouets émettant des sons etc. À quoi l’on doit ajouter la circulation des voitures, les bruits émanant des autoroutes, des avions, des voisins. Dans cette soupe sonore perpétuelle qu’on a appris à ignorer, on oublie que les petits ont aussi besoin de silence. Ce silence, il faut savoir le chercher, ou mieux, il faut savoir le créer.

C’est un très grand saut pour la conscience de l’enfant que de comprendre ce qu’est le silence, voire le silence interne. C’est un peu comme de comprendre ce qu’est le zéro ou de voir l’air qui n’a ni forme ni couleur.

Et pourtant, la solution n’est pas très loin ; cette solution s’appelle l’expérience. Mon enfant me demande : « C’est quoi le silence ? » Je l’amène dans un endroit silencieux et lui dis : « Voilà, écoute, c’est ça le silence. »

La méthode que j’ai créée est basée sur l’expérience personnelle du son. On apprend à prendre consciences des sons, on apprend à maîtriser son écoute, son attention auditive. En toute simplicité, on apprend à entendre d’une manière relâchée, naturelle et consciente.

On commence par les petits bruits familiers qui nous entourent, puis l’on continue avec les notes musicales, et ce de la même façon : on apprend à les remarquer, on apprend à les discerner, on apprend à les aimer. Chacune a son propre visage, son propre caractère. L’enfant découvre et crée ces caractères.

On peut apprendre à écouter et à entendre. C’est possible. Néanmoins, ce n’est pas ce que nous enseignent les professeurs de musique travaillant dans les conservatoires. Les professeurs de musique enseignent… LA MUSIQUE, sa théorie, ses répertoires.

Mais écouter, ça se passe de commentaire. « Tout le monde sait écouter ! » Mais cela est faux. En outre, “écouter” n’est pas pareil à “entendre”. Il est possible d’apprendre et de développer son écoute. Et pour ce faire, on peut (et même on doit !) le faire de manière facile, ludique. C’est important, n’est pas?

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Le solfège est une torture ?

Presque tous les enfants aiment chanter et danser, au point qu’il est très rare de voir un enfant n’exprimant aucun intérêt pour la musique.

Et bien, disons, les parents décident de lui faire apprendre dans une conservatoire ou bien avec un prof privé.

Ce qui se passe très très souvent: d’abord l’enfant est très enthousiaste, mais assez vite, ces études deviennent, disons, difficiles… et quand on commence le solfège, cela devient une torture. Pas toujours, mais presque. On est terrifié par ces études (et on grandit avec ce sentiment d’ailleurs)

Mais, d’où viennent ces difficultés?

Réfléchissons…

Comment est-ce que l’on nous enseigne à entendre ? Pas sans exceptions, bien évidemment, mais typiquement…

Quand j’étais petite et commençais mes études dans l’école de musique, on nous expliquait comment discerner les harmonies et les intervalles. On disait par exemple : « L’accord majeur sonne gai et l’accord mineur sonne triste. » Ou bien : « Écoutez les quintes parfaites, elles sont creuses… »

Après avoir écouté ce que jouait le professeur, je dis : « Je suis d’accord qu’il y a des quintes qui sont creuses, comme par exemple la – mi. C’est un intervalle faisant ressentir la mélancolique, et c’est ça peut-être qui s’appelle creux… Mais d’un autre côté, on a le fa – do qui, surtout joué dans les graves, sonne de manière très chargée, très vibrante, pas du tout creuse… »

En cela, il m’a paru que les descriptions desdits intervalles étaient extrêmement subjectives. D’ailleurs, en France, l’intervalle la – mi est un intervalle utilisé pour les sirènes des gendarmes. De ce fait, la plupart des Français perçoivent sans doute cet intervalle comme une chose troublante. Et de fait, lorsque passe une voiture de police, le bruit de la sirène fait rarement penser au sentiment de vide ou de mélancolie.

Dans certaines méthodes modernes de musique, on dit : « Regarde, cette note est bleue, celle-là est rouge, celle-ci est jaune… »

Et si, pour l’élève, la première note semblait être blanche, la deuxième brune ou la troisième verte ?

Nous touchons là au conflit principal sur lequel, à mon avis, repose la problématique de l’apprentissage du langage musical pour tout le monde, et SURTOUT pour les enfants.

ON ME DIT QU’UNE CHOSE SONNE COMME CECI OU COMME CELA, MAIS JE NE SUIS PAS D’ACCORD CAR JE RESSENS LES CHOSES AUTREMENT.

Mais en tant qu’élève et surtout en tant qu’enfant, le petit se dira alors : « Qui suis-je pour contredire ainsi le professeur ? »

Il s’efforcera encore et encore d’entendre ce que le prof lui dit d’entendre, et d’entendre la note jouée comme reflétant le sentiment décrit.

Mais au final, sous-consciemment, l’élève renoncera, surtout quand le professeur lui dira : « Dommage, tu n’as vraiment pas l’oreille musicale. »

Quand un tel verdict est prononcé, le conflit est créé. La seule issue de secours consiste à ne plus rien essayer du tout en matière de musique. L’élève se disant alors : « Je ne suis pas doué, je suis nul en musique. »

Ça vous rappelle quelque chose ?

Pourtant, la solution est assez simple. Il suffit de laisser l’enfant faire ses propres associations. Il suffit de lui permettre d’avoir cet espace personnel dans lequel on l’acceptera comme il est, car après tout, ne sommes-nous pas tous différents, tous uniques ? Je suis unique, tu es unique; on ne l’aime pas trop peut-être mais il est unique aussi :)

Quand les élèves viennent chez moi, je leur fais entendre des notes isolées. Je leur pose des questions telles que : « Quelle est la couleur de cette note, sa forme, son odeur, sa taille ? »

Et au vu de mon expérience, je puis affirmer qu’il n’y a pas deux personnes qui aient fourni la même réponse à l’écoute d’une même note. Tous sont uniques! Vous vous rappeler la chanson de Zaz? “Alons ensemble, découvrir ma liberté, oubliez donc tous vos clichés, bienvenue dans ma réalité…” C’est pas par hasard qu’elle fait un tube en ce moment!

Selon moi, c’est la découverte de l’individualité de chacun qui fait du monde qui nous entoure, un endroit fascinant. Et quand on permet à un enfant de découvrir sa propre individualité, cet enfant s’épanouie comme jamais.

Le solfège selon la formation « classique »La méthode « Créateur de Sons »
Suggestions : entends ce que j’entends.
Si les notes sont colorées, je te dirais quelles sont leurs couleurs.
Découvre et définis ce que tu entends, toi. Attribue tes propres couleurs aux notes et découvre leurs autres qualités.
Mauvaise motivation (le solfège est dur).L’esprit ludique : les notes et solfège sont un jeu.
Les études exigent de beaucoup travailler, même si c’est dur.On se régale !
Ici, on travaille la musique. Les bruits sont des sons laids et ne sont pas de la musique.On joue avec tous les sons, la musique est toujours présente autour de nous.
Il faut travailler ton oreille parce qu’elle n’est pas encore assez bonne ! Tu découvres ton oreille comme s’il s’agissait d’un ami proche, d’un copain avec qui jouer. Ton oreille est excellente !
La mémoire musicale est « plafonnée » par tes capacités intellectuelles et ton maîtrise du solfège.La mémoire musicale n’a pas de plafond. La musique qui te plaît te rentre dans la tête sans efforts.
L’oreille absolue est une capacité qui n’appartient qu’aux élus. Soit tu l’as, soit tu ne l’as pas. L’oreille absolue se développe naturellement avec le temps.
L’oreille absolue peut être gênante : « Je connais quelqu’un qui a un frère dont une copine a des problèmes… L’oreille absolue est une amie fiable : elle m’aide et elle est toujours là si j’en ai besoin.
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Les trois piliers de la méthode

Voilà les trois piliers centraux sur lesquels repose la méthode “Créateur de Sons” :

  • On apprend à entendre d’une manière relâchée, attentive et consciente. On s’habitue à prendre conscience de ce que l’on entend, tout en maîtrisant son attention auditive.

Comme résultat: plus de concentration, plus de calme naturelle, plus de la joie.

  • On cherche et on trouve ses propres associations sonores ce qui nous permet de reconnaître des sons parmi d’autres sons, en particulier les notes musicales.

Ainsi, la reconnaissance des sons et des notes ne suit plus un mode imposé d’association, mais devient un processus individualisé, intime.

Cela facilite grandement tout apprentissage auditif, stimule la confiance en soi et l’intérêt au monde sonore. Les bruits extérieurs ne sont plus subis comme sources d’irritation et de fatigue, mais comme source de création.

  • On découvre et/ou l’on recrée le lien naturel entre les notes musicales et les autres sons qui nous entourent.

Ceci permet de re-trouver la connexion naturelle entre la musique et le reste du monde sonore. En outre, cela donne une ouverture à la créativité et à la plénitude sonore.

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Les sons, les bruits et les notes musicales

Dans la sous-conscience, une division artificielle est implantée dès l’enfance entre, d’un côté, les sons (comme par exemple les bruits qui nous entourent) et, de l’autre, les notes musicales.

Pour prendre un exemple précis, un de mes élèves m’a écrit :

« Je n’ai jamais réussi à déchiffrer les hauteurs des notes et les intervalles. Pour moi, c’est comme si c’était du chinois. Puis, j’ai découvert le chant harmonique et cela a été bouleversant. Pour la première fois, j’ai entendu ma voix et cela a été un vrai plaisir de chanter. Sauf que bien entendu… quand les partitions reviennent, le problème de déchiffrage se pose de nouveau, et avec lui, l’anxiété qui lui est liée. »

Et c’est un problème que la plupart des gens ont expérimenté.

Mais qu’est-ce que c’est qui pose le problème réellement?

Ce problème est-il situé au niveau technique ? Est-il lié à la manière dont le solfège est enseigné ? Il existe pourtant des méthodes d’apprentissage très diverses, expérimentées et éprouvées par des générations d’élèves.

J’ai découvert qu’une des facettes, je dirais l’une des racines de ce problème, se situe au niveau psychologique.

De fait, le cerveau est conditionné pour séparer les bruits qui nous entourent ET les notes musicales. Eh oui ! Depuis toujours, on est habitué à mettre, d’un côté, les bruits, et DE L’AUTRE, les notes.

Cette division est à ce point ancrée dans le cerveau, qu’elle devient un obstacle insurmontable à l’évolution de la perception auditive.

Mais n’oublions pas que cette division est artificielle. Pensez comment un enfant apprend à parler. Pendant une période du temps, il entend toutes sortes de sons et au moment venu, trouve le système du langage dans la soupe sonore d’origine.

La musique est aussi un langage. Mais pour la sous-conscience, la division installée dont je parle, est un obstacle beaucoup trop haut à surmonter. Car dans le mental, l’idée est ancrée que les notes ne sont pas la même chose que les autres bruits. Pouf… Foutu, comme on dit en bon français!

Pourtant la solution est assez simple : il faut re-créer la liaison entre les notes et les autres sons. LES NOTES FONT PARTIE DU SPECTRE SONORE, DE LA GAMME PLUS LARGE QUI NOUS ENTOURE TOUT LE TEMPS !

Catherine Jackson, la mère de Michael Jackson (lequel avait l’oreille absolue depuis son enfance) raconte que son fils avait très tôt exprimé un intérêt pour la musique. À l’âge de 3 ans, il pouvait par exemple écouter le bruit de la machine à laver et, danser sur ces sonorités. Pour lui, la machine à laver ne faisait pas de bruit : elle faisait de la musique sur laquelle il était possible de danser.

Or la plupart si ce n’est tous les enfants font de même. Tant qu’ils sont jeunes, ils sont libres de cette division entre bruits et musiques. Et de ce fait, beaucoup de bruits qu’ils perçoivent sont, pour eux, de la musique.

Et je dis qu’il est possible de les introduire à la musique sans pour autant, créer un conflit inutile ou bien de retrouver l’harmonie psychologique de l’écoute musicale. Cela facilitera la vie de l’enfant et lui donnera accès à la source inépuisable de la créativité qu’est le monde sonore.

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