Le solfège est une torture ?
Presque tous les enfants aiment chanter et danser, au point qu’il est très rare de voir un enfant n’exprimant aucun intérêt pour la musique.
Et bien, disons, les parents décident de lui faire apprendre dans une conservatoire ou bien avec un prof privé.
Ce qui se passe très très souvent: d’abord l’enfant est très enthousiaste, mais assez vite, ces études deviennent, disons, difficiles… et quand on commence le solfège, cela devient une torture. Pas toujours, mais presque. On est terrifié par ces études (et on grandit avec ce sentiment d’ailleurs)
Mais, d’où viennent ces difficultés?
Réfléchissons…
Comment est-ce que l’on nous enseigne à entendre ? Pas sans exceptions, bien évidemment, mais typiquement…
Quand j’étais petite et commençais mes études dans l’école de musique, on nous expliquait comment discerner les harmonies et les intervalles. On disait par exemple : « L’accord majeur sonne gai et l’accord mineur sonne triste. » Ou bien : « Écoutez les quintes parfaites, elles sont creuses… »
Après avoir écouté ce que jouait le professeur, je dis : « Je suis d’accord qu’il y a des quintes qui sont creuses, comme par exemple la – mi. C’est un intervalle faisant ressentir la mélancolique, et c’est ça peut-être qui s’appelle creux… Mais d’un autre côté, on a le fa – do qui, surtout joué dans les graves, sonne de manière très chargée, très vibrante, pas du tout creuse… »
En cela, il m’a paru que les descriptions desdits intervalles étaient extrêmement subjectives. D’ailleurs, en France, l’intervalle la – mi est un intervalle utilisé pour les sirènes des gendarmes. De ce fait, la plupart des Français perçoivent sans doute cet intervalle comme une chose troublante. Et de fait, lorsque passe une voiture de police, le bruit de la sirène fait rarement penser au sentiment de vide ou de mélancolie.
Dans certaines méthodes modernes de musique, on dit : « Regarde, cette note est bleue, celle-là est rouge, celle-ci est jaune… »
Et si, pour l’élève, la première note semblait être blanche, la deuxième brune ou la troisième verte ?
Nous touchons là au conflit principal sur lequel, à mon avis, repose la problématique de l’apprentissage du langage musical pour tout le monde, et SURTOUT pour les enfants.
ON ME DIT QU’UNE CHOSE SONNE COMME CECI OU COMME CELA, MAIS JE NE SUIS PAS D’ACCORD CAR JE RESSENS LES CHOSES AUTREMENT.
Mais en tant qu’élève et surtout en tant qu’enfant, le petit se dira alors : « Qui suis-je pour contredire ainsi le professeur ? »
Il s’efforcera encore et encore d’entendre ce que le prof lui dit d’entendre, et d’entendre la note jouée comme reflétant le sentiment décrit.
Mais au final, sous-consciemment, l’élève renoncera, surtout quand le professeur lui dira : « Dommage, tu n’as vraiment pas l’oreille musicale. »
Quand un tel verdict est prononcé, le conflit est créé. La seule issue de secours consiste à ne plus rien essayer du tout en matière de musique. L’élève se disant alors : « Je ne suis pas doué, je suis nul en musique. »
Ça vous rappelle quelque chose ?
Pourtant, la solution est assez simple. Il suffit de laisser l’enfant faire ses propres associations. Il suffit de lui permettre d’avoir cet espace personnel dans lequel on l’acceptera comme il est, car après tout, ne sommes-nous pas tous différents, tous uniques ? Je suis unique, tu es unique; on ne l’aime pas trop peut-être mais il est unique aussi :)
Quand les élèves viennent chez moi, je leur fais entendre des notes isolées. Je leur pose des questions telles que : « Quelle est la couleur de cette note, sa forme, son odeur, sa taille ? »
Et au vu de mon expérience, je puis affirmer qu’il n’y a pas deux personnes qui aient fourni la même réponse à l’écoute d’une même note. Tous sont uniques! Vous vous rappeler la chanson de Zaz? “Alons ensemble, découvrir ma liberté, oubliez donc tous vos clichés, bienvenue dans ma réalité…” C’est pas par hasard qu’elle fait un tube en ce moment!
Selon moi, c’est la découverte de l’individualité de chacun qui fait du monde qui nous entoure, un endroit fascinant. Et quand on permet à un enfant de découvrir sa propre individualité, cet enfant s’épanouie comme jamais.
Le solfège selon la formation « classique » | La méthode « Créateur de Sons » |
Suggestions : entends ce que j’entends. Si les notes sont colorées, je te dirais quelles sont leurs couleurs. | Découvre et définis ce que tu entends, toi. Attribue tes propres couleurs aux notes et découvre leurs autres qualités. |
Mauvaise motivation (le solfège est dur). | L’esprit ludique : les notes et solfège sont un jeu. |
Les études exigent de beaucoup travailler, même si c’est dur. | On se régale ! |
Ici, on travaille la musique. Les bruits sont des sons laids et ne sont pas de la musique. | On joue avec tous les sons, la musique est toujours présente autour de nous. |
Il faut travailler ton oreille parce qu’elle n’est pas encore assez bonne ! | Tu découvres ton oreille comme s’il s’agissait d’un ami proche, d’un copain avec qui jouer. Ton oreille est excellente ! |
La mémoire musicale est « plafonnée » par tes capacités intellectuelles et ton maîtrise du solfège. | La mémoire musicale n’a pas de plafond. La musique qui te plaît te rentre dans la tête sans efforts. |
L’oreille absolue est une capacité qui n’appartient qu’aux élus. Soit tu l’as, soit tu ne l’as pas. | L’oreille absolue se développe naturellement avec le temps. |
L’oreille absolue peut être gênante : « Je connais quelqu’un qui a un frère dont une copine a des problèmes… | L’oreille absolue est une amie fiable : elle m’aide et elle est toujours là si j’en ai besoin. |